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  • Antrim

Le Nouvel Ancien Régime


Quelle période excitante pour notre société !

Dans certains milieux où le recul est profond et la réflexion aboutie, on parle d’effondrement. Comme beaucoup de gens commencent à s’y intéresser, on met surtout l’accent sur ce qui suit, ce qui émerge, ce qui existe presque déjà : la résilience.

Mais à coups de gilets jaunes surmédiatisés, de marches du climat même sous la pluie, d’unions de youtubers, d’alertes de chercheurs ou de je ne sais quel autre appel des 200 célébrités, la prise de conscience s’accélère.

Il était temps ! souffleront bon nombre de mes lecteurs déjà rôdés au discours, et pour qui le paragraphe d’introduction de toute littérature labellisée Domaine du Possible sur « la situation actuelle catastrophique » est aussi inutile que la dernière version d’Angry Birds pour iPhone X. Pour eux, depuis le film Demain voire avant, l’écologie n’est plus une série de catastrophes insurmontables et inexorables.

Mais pour eux, la cause doit changer d’échelle ; « je veux bien acheter en vrac, réduire ma consommation de viande et utiliser une brosse à dents à tête recyclable, mais si les élus ne montrent pas l’exemple et si le secteur privé ne fait pas un effort, c’est perdu d’avance ! »


"L'écologie n'est plus une série

de catastrophes insurmontables"...

depuis longtemps !


Et pourtant quelle période excitante !

Si demain une personne, portant un programme politique aussi radical et écologiquement bien-sensé que ce que j’ai pu évoquer dans mes chroniques écolocratiques, est élue à un haut poste de gestion de notre société, elle incarnera l’espoir de toute une nation qui n’attend que ce nouveau souffle visionnaire. Ce nouveau cap aura soudain du sens pour tout le monde parce qu’on reprendrait tout depuis le début.

Elle pourra le faire, car nos institutions, bancales depuis longtemps, sont chahutées de tous bords et, si elles ne chutent pas, elles doivent remettre leurs plus profondes fondations en question.

Cette spéléo-archéologie institutionnelle est une véritable opportunité.

Mais l’espoir que cette personne, élue au nom de l’écolocratie, canalisera ne lui donnera guère plus de pouvoir que les autres présidents de la 5ème République.

Elle devra avouer dès son élection, même avant, que même les plus hauts postes de responsabilités politiques n’incarnent guère de pouvoir.

L’illusion du pouvoir, ça oui : c’est pour ça qu’on les élit. Mais tous les cinq ans c’est la même chose, et une poignée de mois après les élections, la courbe de popularité chute aussi vite que celle du nombre de manifestants dans les rues françaises augmente.



Les élus n'incarnent que l'illusion du pouvoir,

et tous les 5 ans nous sommes déçus de nous être faits avoir.

Le vrai pouvoir est entre les mains du consommateur !



Ce que peut faire cette élue, en revanche, c’est redistribuer le pouvoir à celles et ceux qui sauront agir au plus proche des problématiques, à portée de voix des associations, experts et habitants locaux.

Elle pourra dire au peuple avant qu’il ne soit déçu :

« Hey, vous savez, je fais de mon mieux depuis le haut de votre piédestal, mais le vrai pouvoir aujourd’hui, c’est encore et malheureusement l’argent, donc le secteur privé ; et le secteur privé se fait de l’argent sur… ? Le marché ! S’il y a de la demande, il crée une offre, et s’il n’y a pas de demande mais qu’il peut se faire de l’argent quand même, il crée de la demande avec… ? de la pub ! Donc le vrai pouvoir, finalement, est dans les mains des consommateurs, qui décident de subir ou non la pub, et je peux vous aider à la supprimer des espaces publics et des grandes heures de visionnage télé ou d’écoute radio, ou même vous aider via l’éducation mais ça prendra du temps ; ce sont aussi les consommateurs qui décident d’acheter à un producteur local plutôt que sous 4 couches de plastique au supermarché ! »

Elle pourra se tenir droit dans ses bottes devant le lobby du diesel et lui dire les yeux dans les yeux qu’il est aussi has-been que l’expression « être has-been ».

Elle devra ériger un cadre légal qui promouvra les initiatives aussi pertinentes que ciblées régionalement, et laisser de côté les organisations de l’ancien monde dont les dirigeants sont aussi fossiles que les énergies sur lesquelles ils ont bâti leurs fortunes.

Une très brève histoire des Anciens Régimes

C'est un Ancien Régime à révolutionner à nouveau, avec de nouvelles histoires à raconter.

Il y a 800 ans on matais les bouseux en imposant un Dieu terrible et tout-puissant : la preuve que cette histoire était fondée, on construisait des cathédrales pharaoniques en son nom.

Il y a 200 ans, on coupait des têtes de dirigeants en veux-tu en voilà parce que quelques bons conteurs d'histoires bourgeois ont raconté que le peuple ne voulait plus subir les exactions des nobles et payer leurs privilèges.

Aujourd'hui, les privilèges des nouveaux nobles sont redevenus inacceptables parce que des conteurs contemporains les dénoncent dans les journaux et montrent que le peuple, lui, n'arrive pas à vivre dignement de son labeur. Révolution. Vite, racontons de nouvelles histoires : il faut que le peuple comprenne qu'il n'a pas besoin de smartphone ou de supermarché pour bien vivre, seulement de bons fruits et légumes qui ont poussé pas loin et de liens sociaux solides avec la communauté locale.

Cette personne élue, quand le peuple aura compris que l'avenir de la nation ne dépend de tous ses mots, faits et gestes, elle ira alors travailler à vélo tous les matins, comme tous les élus locaux de l’Hexagone, comme le maire de Grenoble, avec son casque, sa pince-pantalon et son petit panier, parce que les rues de nos villes et villages ne seront plus sillonnées que par des deux-roues à énergie humaine ou des véhicules électriques de livraison à énergie renouvelable et locale.

I have a new dream...

Alors les familles aux revenus moyens ne bloqueront plus des ronds-points pour grappiller quelques euros en fin de mois, parce qu’ils pourront toucher une aide publique d’installation rurale, dans un foyer écoresponsable, en suivant des formations gratuites à la permaculture pour développer l’auto-alimentation. Et oui, il y aura de nouveau du travail et des services publics dans les campagnes, parce que 81 % des Français rêvent d’y vivre.

Alors les familles aisées comprendront le sens de ne plus cacher leur pauvre sapin éphémère derrière des murailles de cadeaux sur-emballés et de faire soi-même, à l’économie, de récupérer, de partager, de réutiliser…

Alors celles et ceux qui seront restés en ville, parce qu’ils y auront encore trop de liens, auront tout de même accès à un espace naturel pour se ressourcer, pourront tout de même cultiver leur carré de potager pour garder ce lien essentiel à la terre, pourront favoriser le lien social avec les nouveaux arrivants ou les personnes en situations précaires à travers des actions simples et sympa.

Alors on pourra se rendre compte qu’au-delà des lois et des revendications de fin de mois, certes légitimes à court terme mais appelant à des demi-mesures, des grandes annonces pour des petits pas, ô combien dénuées de sens profond à long terme,

au-delà de ces non-sens dans lesquels nous a plongés un modèle économique aliénant l’individu, atomisant les communautés et les familles et coupant nos intérêts des véritables sources de satisfaction humaine,

au-delà des espoirs technologiques aussi gros et aberrants qu’un éléphant en équilibre sur une balle de tennis tant qu’ils seront basés sur l’exploitation de terres rares provenant de territoires perpétuellement en conflit,

au-delà des lois qui nous permettent de vivre ensemble et de coopérer,

je fais que le rêve qu’au-delà de tout cela nous comprendrons qu’il y a des lois universelles et transcendantes, qu’on ne peut – qu’on n’a pu – bafouer qu’un temps, le temps d’une illusion ; des lois qui se sont imposées à tous les êtres vivants et toutes les particules de l’univers, des lois basées sur la simple idée d’harmonie, d’intégration durable dans son environnement direct, de symbiose et de coopération.

Des lois selon lesquelles les virus peuvent se développer mais meurent s’ils ne changent pas leur ADN avant d’étouffer leur hôte, de surexploiter leurs ressources vitales, de détruire l’environnement qui a favorisé leur apparition.

L’univers nous chante à l’oreille et nous ne savons plus percevoir l’onde de cette énergie ; nous devons aujourd’hui nous y reconnecter pour vibrer en harmonie avec ce qui nous entoure.

Je vous souhaite des fêtes hivernales bien harmonieuses.

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