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Photo du rédacteurMartin

Pensées de jardin

Le voyage du renard

"À quoi bon voyager ?" s’interrogeait Jules Renard dans son journal. "Il y a de la nature, de la vie et de l’histoire partout."

Pour ma part, il m’a fallu voyager beaucoup pour comprendre les richesses que pouvait receler le fond de mon jardin.

J’ai coupé un pommier et quelques cyprès morts dans un coin de jardin. J’y ai découvert des bestioles, des lianes et des insectes plus exotiques que lors de mes voyages entre les tropiques.





L’archer

Ma grand-mère, qui a la vue basse, m’a vu passer une scie à la main ; une scie à deux mains. "Tu vas faire du tir à l’arc ?"

 

L’instrument

On scie une branche comme on joue du violon. On empoigne le manche avec vigueur et douceur, on pose l’archer sur les fibres du bois, et l’on fait chanter (crier ?) la nature sous ses allers-retours.

 

Débit

On s’applique à calculer le débit des rivières, des fleuves et des moindres cours d’eau. A-t-on jamais mesuré le débit d’un arbre ?




 

Dépité

Pour débiter un arbre, on coupe les grosses branches qui partent du tronc, puis les branches intermédiaires, puis les petites ramures des extrémités. Dans la vie, on serait bien maladroit de régler d’abord les petits problèmes avant de s’attaquer aux gros, plus près de leurs racines.

 

Décapité

Les éminents personnages de nos livres d’histoire perdaient la tête sur l’échafaud lorsque la société évoluait. Les rois de nos forêts, comme les gardes de nos jardins les haies, sont aussi étêtés, maltraités, abattus. Tels une CIA de la nature, nous mettons à leur place des rejetons d’une race qui nous plait davantage, qui sert mieux nos intérêts. Arbitraire dictature des goûts et des couleurs, victimes de nos mœurs.

 

Réflexion végétative

Le cerisier qui fait de l’ombre à la sueur de mon front et à mes va-et-vient de scie à bois, m’observe silencieusement. Je l’entends penser lentement : "Ce jeune homme un jour sera plus grand, plus fort ; le même sort m’attend-il lorsqu’il me croira mort ? Je crois que je ferai de l’ombre à ses enfants, et aux enfants de ses enfants, avant que mon jour ne vienne." Le temps qu’il formule cette idée, le soir était tombé sur l’été.




 

Gallinacée

Ah la poule, ce majestueux rapace migrateur.

 

Poule ovaire

J’ai ouvert aux trois poules qui explorent à présent le gazon. Pour elles, chaque herbe est une surprise, une source de bonne humeur. Elles trouvent autour d’elles tout ce qu’il leur faut pour produire un œuf par jour. Cadeau de la Nature que cette merveille-là ! Blanchette chante en sortant de sa cabane : l’affaire est faite, le colis tout chaud. Réflexion saugrenue de se demander où tenait l’œuf dans la poule avant qu’elle ne l’éjecte par la petite porte. Et dire qu’on bat les œufs dans un cul-de-poule.




 

Échelles de temps et de valeurs

Le temps des cerises n’est pas le même que celui des noisettes, que celui des humains, des roses ou des montagnes. Un arbre nait, pousse, meurt, tombe, rend sa matière à la Terre. Comme nous ; comme une montagne ou comme une mésange. C’est le principe vital ou l’esprit qui habite ces différentes molécules qui nous distingue. Mais l’humain contribue-t-il plus positivement à la Nature et au grand Ordre des choses que la taupe ou que le cerisier ?

 

Repos

Le meilleur arbre sous lequel s’assoupir est le noisetier, nous apprend Peter Wohlleben. Il secrète un anti-insecte naturel qui protègera votre sieste. Mais avez-vous déjà bien regardé un noisetier ? C’est un bosquet ! Pas facile de trouver le spot idéal. J’ai tendu mon hamac entre un noyer et un bouleau aux allures de saule pleureur et tout s’est très bien passé.




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